dimanche 18 octobre 2009

Eugénie, 12 octobre 2009, notre petite tendressE merveilleusement née.

Je ne sais pas vraiment par où commencer, tellement cette aventure m’a submergée d’émotions connues et inconnues mais toujours aussi intenses.
Nous avions comme pour Violette projeté de vivre cette naissance à la maison, le suivi fut le même que pour Violette avec Isabelle qui serait là pour l’accouchement.
Je ne pense pas que cette grossesse fut plus pénible que les autres, je pense que le contexte lui le fut, l’environnement de notre quotidien m’est difficile à vivre, les quatre étages, la fusion avec Violette toujours très présente, les horaires à rallonge de Nicolas tout cela a rendu c’est 9 derniers mois plus pesant, c’est vrai.

Dans la nuit du vendredi 2 au samedi 3 octobre, cela fut difficile pour moi, beaucoup de contractions des douleurs de règles en continu, mon ressenti est bizarre, normalement ce n’est pas comme cela que je ressens les choses, j’ai du mal à comprendre ce que mon corps me dit… Ce sentiment ne me quitte pas, ce qui se passe en moi m’est étranger…

Mercredi J, j’ai mieux dormi les deux dernières nuits, mais malheureusement, tu n’es toujours pas là, j’ai le secret espoir que comme Violette tu naitras à J+1 et que je n’aurais pas à aller à l’hôpital pour les examens d’usage des bébés qui restent au chaud. Isabelle passe pour voir comment je vais, mon col est complètement fermé, rien ne bouge.

Jeudi J+1, nous nous rendons à l'hôpital sud avec Nicolas et une Violette survoltée pour une visite de contrôle. Le sourire était là, les personnes qui nous ont reçus sympathiques, l'accueil rapide, nous sommes repartis soulagés...

Tous les matins j’ai l’impression de revivre la même jour, les trois filles sont nées le matin, et là tous les matins je me réveille en me disant : « bon ben c’est pas encore pour aujourd’hui, peut être demain alors » et puis l’impression que ce bébé n’arrivera plus…

Dans la nuit du vendredi 9 au samedi 10 octobre, je revis la même chose que la semaine passée, des contractions anarchiques des douleurs en continu, un ventre dur pendant de longue période, je me dis : « tiens peut être que…» et puis je me réveille le lendemain toujours sans bébé dans les bras.

Samedi J+3, je me rends seule à l’hôpital sud, Nicolas travaille, l’accueil n’est plus le même. J’y ai passé 3 heures, pour à peu près 30 minutes d’examen, prise de température, deux analyses d'urine dans la matinée, toucher vaginal, col ouvert à 2 au moins cela évolue, et décollement des membranes pour essayer de faire accélérer les choses, et une écho. On me conseille de prendre rendez vous pour un déclenchement lundi matin, ce à quoi je réponds que si tout va bien pour moi et pour le bébé, nous attendrons mercredi prochain pour le déclenchement.

Dimanche J+4, je décide de me détendre et d’aider ce bébé à venir au monde. Je prends de l’huile de Ricin, nous nous faisons des câlins du matin, je regarde « le premier cri » avec les filles, l’après midi je me repose. Puis nous partons en ballade au parc. Les contractions sont bien là, elles ont commencé à 16H, je suis contente. Elles ont différentes des autres naissances mais je me dis que peut être cette fois ce sera comme cela. Le soir je prends un bain avec Violette, les contractions sont toujours les mêmes et assez régulières. Le soir toujours pareilles, vers 3H du matin, Nicolas décide d’appeler Isabelle, les choses se précisent. Je vais prendre un bain, et je vais me remettre au chaud sous ma couette. Isabelle arrive, m’ausculte, je lui dis que je sens que les choses se sont calmées et elle me dit que rien n’a bougé mon col est toujours à deux et les contractions s’arrêtent. Nous discutons de la situation, pourquoi les choses se passent elles ainsi, qu’est ce qu’il faudrait faire, je finis par dire que je suis fatiguée, que ces travails à répétitions m’épuisent, et que j’ai l’impression que cela ne sert à rien ou à très peu, que je veux accueillir ce bébé dans le bonheur et non dans la fatigue, et je prends la décision d’aller le lendemain à l’hôpital sud et d’accepter le déclenchement et de plutôt négocier sur le retour rapide à la maison. Je sens que Nicolas est sceptique mais me suit et nous retournons nous coucher vers 4H45.

Lundi J+5, je suis contente aujourd’hui j’aurais mon bébé dans les bras et je suis soulagée. Nous prenons notre petit dej avec les filles et leur expliquons ce qui va se passer pourquoi le bébé ne naitra pas à la maison mais que nous serons rapidement tous ensemble. Les filles sont sereines, cela nous aide. Nicolas les emmène à l’école et reviens en me disant que la maîtresse de Violette prendra chez elle les 3 filles ce soir si besoin. Une nouvelle qui me soulage encore plus, une chose de moins à organiser. Je mets deux trois trucs dans un sac et nous partons.
Arrivés à 9H00, une sage femme vient vers nous notre dossier à la main, elle a l’air soucieux. Elle nous demande ce que l’on veut. En fait sur notre dossier, il était indiqué que je ne voulais pas être déclenchée, donc elle se demandait comment elle allait nous faire changer d’avis. Nous avons tout de suite expliqué la situation, et le sourire de la sage femme d’accueil est revenu. Après un monito, une prise de sang, un test d’urine, et autre on nous installe dans une jolie salle lumineuse. Je demande même si c’est ici que le bébé va naître, on me répond oui, je suis étonnée ce n’est pas du tout le souvenir que j’ai d’une salle d’accouchement, les choses se présentent bien je trouve. Et quelques temps après la pétillante Anne sage femme de son état a fait son entrée. Très agréable, elle me demande où je souhaite m’installer sur le fauteuil, sur le lit j’opte pour le lit, je pourrais un peu dormir. Puis elle sort une affreuse blouse blanche, là je dis que je n’ai pas trop envie d’enfiler cela que je préfère rester en débardeur, elle m’explique que pour la perf c’est plus simple, je lui demande pourquoi les manches longues sont plus simples que pas de manches, elle dit « oui d’accord » et laisse tomber sa moche blouse. 11H pose de la perf et analyse de notre dossier, Anne: « Je vois que vous ne voulez pas d’antibio (streptocope A) », et j’ajoute : « et je ne veux pas non plus que l’on fasse de prélèvement gastrique sur mon bébé, qu’une prise de sang lui sera faite si il y a un doute sur son état de santé ». Elle se retourne et dit « bon d’accord ».Puis elle nous demande comment nous voyons cette naissance, comment je pense accoucher, je n’ai pas de réponse et elle ajoute : « parce que moi les accouchements acrobatiques, cela me va tout à fait. », je trouve cette phrase super chouette et suis de plus en plus ravie d’être là. La journée se passe, je ne trouve pas les contractions assez douloureuses et j’ai peur que même cela ne va pas aider mon bébé à venir au monde. Anne passe de temps en temps pour voir si nous allons bien et nous demande de quoi nous avez besoin.Il y a un poste dans la salle et nous avons mis radio classique, Nicolas a acheté la presse à scandale et on se rend compte qu’on ne sait plus qui sont les people d’aujourd’hui, on trouve quand même le temps long. Nous avons eu le temps d’expliquer notre désir de rentrer rapidement chez nous le lendemain, voir le jour même si je m’en sentais capable. Cela a paru difficile mais on ne nous pas dit non, donc on en a parlé dès que nous pouvions. Anne nous a dit que le jour même, ce n’était pas sûre mais qu’elle serait là le lendemain matin et qu’elle s’occuperait de nous pour que nous puissions sortir. Pas besoin de se battre, juste d’expliquer, d’argumenter, de discuter sereinement.
Pendant tout ce temps, j’ai aimé parlé par la pensée avec mon bébé, lui expliquer pourquoi on en était arrivé là et comme nous l’attendions.
Dans l’après midi, une aide soignante est venue nous demander de signer un papier pour autoriser les soins au bébé, je lui ai demandé ce qu’étaient ses soins, et où elle comptait les faire. Elle m’a dit qu’il y aurait un prélèvement du cordon, qu’il était possible de le faire sur moi et que le bébé ne me quitterai pas si je le désirais, Nicolas signe le papier.
A 16H Anne me demande ce que l’on fait, si l’on perce la poche ou pas, la question était est ce que l’on perce si on est à 6 cm de dilatation ou si l’on attend encore. Je lui ai demandé de me dire à combien on était et que l’on prendrait la décision ensuite. Elle m’ausculte, on est à 7 cm, on décide de percer, Anne me prévient qu’à partir de ce moment je vais avoir beaucoup plus mal. On y va quand même. Elle perce puis vide la poche ce qui n’a rien d’agréable, mais Anne s’excuse de me faire mal et nous explique mais cela lui permet de voir comment le bébé pousse et elle nous dit que le bébé à le dos postérieur et la tête mal placée. Elle m’explique qu’il faut que je prenne des positions ventre en avant pour aider mon bébé à mieux se placer. Je m’installe sur le ballon, et parle à mon bébé pour qu’il m’aide lui aussi. Je pousse pendant les contractions, cela me soulage et puis ensuite tout est assez flou. J’ai été prise d’un instinct primaire de cri animal, sentant mon bébé tentant de se frayer un chemin. J’ai bondi du ballon, je me suis mise debout et me suis jetée sur le lit, restant allongée sur le ventre quelques secondes priant Nicolas d’arrêter tout cela, que je n’y arriverais pas. Anne de sa voix pétillante et rassurante, m’a dit que tout allait bien que je ne devais pas paniquer que je savais le faire et que j’allais le faire que j’allais l’aider à venir au monde parce que je savais le faire. Je me suis mise à quatre pattes, et Anne m’a dit que le col n’était pas totalement effacé mais que je pouvais pousser sans attendre que c’était mieux pour le bébé. Alors j’ai poussé sentant chaque centimètre parcouru par mon bébé, c’était très intense comme si je lui tendais la main pour lui montrer la sortie. Je dus m’arrêter car sa petite tête n’en faisait vraiment qu’à sa tête et Anne essaya de la guider au mieux. J’ai supplié Anne que ce bébé sorte, elle me répondit qu’elle faisait au mieux pour moi et pour le bébé. Après quelques poussées, à 16H56, Anne posa à côté de moi cette petite fille. J’entends les premiers cris d’Eugénie avec radio classique en fond. Le cordon est trop court pour qu’elle vienne jusqu’à moi. Le cordon coupé nous sommes enfin réunis. Je suis exténuée et il me faut quelques minutes pour réaliser que mon bébé était né.
Puis nous sommes restées collées sous des draps chauds. J’ai beaucoup aimé que l’aide soignante créé un cocoon de lange à Eugénie pour qu’elle se sente bien. Vers 19H30 je suis allée dans la chambre de naissance pour y passer la nuit et le lendemain à 11H30 après la visite de la pédiatre, nous sommes rentrés chez nous.

Depuis je suis sur un petit nuage, j’ai peur d’oublier ce si joli moment que je n’avais jamais imaginé.
Je suis très heureuse de l’avoir vécu.

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